La revanche d’un élève

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Traduction de l’anglais (N.Y) Isabelle Macor

 

 

« Il y a des gens incapables de penser », dit l’Abbé Corby, « et il y a ceux qui sont incapables de ressentir. Et il y a des gens comme toi qui ne peuvent ni l’un ni l’autre. Vous aurez beau leur enseigner, ils n’en tireront aucun profit. »

 

Ce sont très exactement les mots que l’Abbé Corby dit à son élève, Charles, qui n’était pas intelligent et devint dix ans plus tard Roi des Francs et des Lombards, Empereur d’Occident. Charles se rappelait bien la leçon de l’abbé et un jour, ayant bu à la bouteille du pouvoir toxique, il ordonna qu’on lui amenât son maître, et quand ce dernier fut devant lui, mains et  pieds liés et bâillonné, Charles lui demanda : « Estimes-tu toujours que je suis incapable de penser et de ressentir ?

 

Tandis que l’abbé se taisait, ne pouvant parler à cause de son bâillon, Charles ordonna qu’on ôtât le bâillon du maître.

 

« Réponds ! »

 

« Je pense toujours que j’avais raison », répondit le maître.

 

Le Roi des Francs et des Lombards, Empereur d’Occident, donna l’ordre d’attacher l’abbé au poteau de la honte. On commanda aux habitants de la cité de jeter des œufs pourris et autres aliments au vieil homme.

 

Deux jours plus tard, un autre ordre fut donné : « déliez-le du poteau et amenez-le devant le trône. »

 

« Penses-tu toujours comme avant ? », demanda l’Empereur d’Occident, Seigneur des Francs et des Lombards, au vieil homme. Le maître ne dit rien, hochant à peine la tête en signe d’acquiescement. L’Empereur d’Occident, Seigneur des Francs et des Lombards, ordonna que l’on pendît l’abbé. Alors qu’il se tenait sous la potence, un nœud passé autour du cou, l’empereur alla jusqu’à la plateforme et demanda encore une fois au maître s’il avait changé d’avis au sujet de son ancien élève.

 

Le vieil homme répondit d’un mouvement de ses yeux : Non. L’empereur fit signe au bourreau et le bourreau tira la corde.

 

Le corps du vieil homme se balançait dans l’air. Et on aurait dit que même ses jambes mortes, oscillant d’un côté à l’autre, disaient : « J’avais raison. »

 

 

 

 

 

 

 

 

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